EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE
Femmes francophones : portraits littéraires en Nouvelle-Calédonie
A l’occasion de la Semaine de la langue française et de la francophonie 2022, le Centre de Rencontres et d’Echanges Internationaux du Pacifique – CREIPAC – et ses partenaires : Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la Mission aux Affaires Culturelles du Haut-Commissariat – MAC et le vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie, sont heureux de vous inviter à découvrir les portraits en noir et blanc de 18 artistes qui ont choisi l’art en général et la littérature sous toutes ses formes en particulier pour s’exprimer, pour s’amuser, pour s’étonner, pour détonner !
18 femmes qui vivent en Nouvelle-Calédonie ou bien qui ont tissé un lien très fort avec notre beau territoire.
A ces femmes talentueuses, inspirées et inspirantes, nous leur avons demandé d’écrire un texte à partir des 10 mots issus de l’opération de sensibilisation « Dis-moi-dix-mots 2021-2022 » proposée chaque année par le ministère français de la culture.
Dix mots choisis par différents partenaires francophones : la France, la Belgique, le Québec, la Suisse et l’Organisation Internationale de la Francophonie.
Kaï, farcer, divulgâcher, tintamarre, pince-moi, saperlipopette, médusé, décalé, ébaubi et époustouflant.
La photographe
Clotilde richALet Szuch

Photographe et voyageuse passionnée, Clotilde vit en Nouvelle-Calédonie depuis 2020.
Elle travaille pour Lepetitjournal.com et occasionnellement pour Associated Press ou pour le journal Le Monde.
Précédemment, elle a effectué un reportage sur « Ces femmes qui font le cinéma sud-américain« en faisant le portrait en noir et blanc de plus de 300 productrices, réalisatrices, actrices, etc. de 10 pays du continent latino-américain : Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Paraguay, Uruguay, Venezuela et Brésil. Son travail a été exposé en Colombie, en Uruguay et en Equateur notamment ainsi qu’à Poitiers en France.
Par ailleurs, ses recherches ont été publiées par l’Observatoire Politique des Amériques Latine et des Caraïbes (OPALC).
Les sentiments contradictoires provoqués par le mal du Pays font un tel tintamarre en moi qu’au final, je ne sais plus quoi en penser…
Têtes hautes pas de larmes devant l’évidence
Ils ont déroulé soft le cyan sur le vert-pomme
Les meurtrissures entre elles pouvaient bien gémir
Et sur le vert-pomme le vin pour tenir parole la régalade
Elle contretemps son âme il éternel son rire
Des jours à élucider ses masques leurs ombres
Des jours à démonter son coeur sa formule
Sa robe Ses mains Tremble Se dépêchent
Ce soir, médusés, ils n’ont pas peur de danser
La nuit les braque
Ils oublient de parler
La nuit les braque
Ils commencent à comprendre
Ce soir, médusés, ils n’ont pas peur de vivre.
Qui suis-je moi ?
Qu’une âme décalée, dans ce monde aux tristes vérités divulgâchées
Qu’une âme médusée devant tant de médiocrités
Je vis et …Et non, saperlipopette, je ne meurs pas !
Devant tant de complaisances déguisées
Et d’amours envolés.
Il y a dans mon cœur ce tintamarre incessant
Epoustouflant parfois
Qui me rappelle
Que je suis moi :
Enfant métis / femme au sang mêlé
Femme de mon pays
Femme Kanak.
Je suis du genre décalée
Un peu de travers, souvent mise de côté
Ça me va, on me fera moins chier
Jpourrais tranquillement
Avec mes potes me poser.
Et puisque j’aime l’originalité
Les gueules de bois, les gens vrais
Je veux pas rentrer dans les normes
D’une image figée,
Et parce que la vie est toujours en train de bouger
Je danse avec elle le coupé décalé
Être décalé, j’avance parallèle à l’agitation du monde. Un pas de côté et je pourrais en être, mais…
Saperlipopette !
L’arpette en salopette a tricoté des gambettes pour prendre la poudre d’escampette.
S’en est allée vider quelques topettes avec les joueurs de crapette.
S’est retrouvée toute pompette, les chipettes en houppette, à rouler des galipettes sur la carpette.
Quelle entourloupette!
Les enfants sont là, dans la case d’animation de la médiathèque Löhna et restes médusés devant les poteaux sculptés.
Ce soir en avant-première de mon spectacle, dans le cadre des Francophonies, dix mots sont à l’honneur, dix mots qu’une dyslexique comme moi voit comme du chinois. Et comme un clown ne parle pas, je n’ai pas d’autre choix que de les mettre en mouvement.
Installée confortablement dans ma loge, je me prépare.
Saperlipopette ! J’ai oublié de mettre ma salopette ! Sans elle, plus de clown pour farcer les petits et les grands. Seule solution, courir chez mon amie Malia au coin de la rue.
Dehors, c’est le carnaval. Pincez-moi s’il vous plaît, je rêve ! Dans deux heures mon spectacle commence, et je panique. Le tintamarre fait vibrer mes tympans, je reste médusée, bras ballants le long du corps, ébaubie. Tel un taureau dans l’arène, je fonce tête baissée dans la foule, passant à côté de cet époustouflant spectacle qu’est le carnaval de Nouméa.
Malia s’étonne de me voir : « Malo ma chérie, tu viens kai kai avec nous ? Mais tu n’as pas ton avant-première ? »
Elle écoute mes lamentations, me tend une salopette des années 70. Ça fera l’affaire. Avant de partir, je lui divulgâche mon jeu de scène, ce qui la met en rogne, elle qui comptait découvrir mon scénario demain soir.
… Que la lumière soit et la lumière fut. Les projecteurs m’éblouissent, je me décale vers l’ombre pour mieux savourer le public. Je suis sur scène, je suis Mafalda la clownette, je vais émouvoir grâce à mon corps et tenter de remercier cette organisation mondiale qu’est la Francophonie. Je sème une petite graine en écho à cette mission qui résonne en moi : promouvoir la paix et les droits de l’homme.
Ce soir, j’ai dansé avec les mots, au plus grand ravissement du public.
Merci la vie.
1) Bonjour en Wallisien
2) Manger en wallisien
Porteuse de valeurs familiales et claniques patriarcales mais irriguée par les combats féministes du XXIème siècle, la femme kanak vit dans un espace mental hybride et épineux rendant son épanouissement personnel complexe et douloureux. Et, toute notre société contemporaine en est malade.
-Oh ! Awah !?…… Je veux dire : Saperlipopette !!
Je suis prompte à m‘ébaubir
De tout et de pas beaucoup.
Et quand je suis toute ébaubie
A ta guise, tu m’embobines.
Mais comme c’est bon d’être ébaubie !
A quoi bon s’en prémunir.
« Peut-être que, repliés sur eux-mêmes,
les arbres n’entendent plus
le tintamarre nocturne que jouent
les tambourins de la pluie
sur les pans de métal du toit
quand il devient musicien.
Le toit y joue en mélomane
sous les cordes de l’averse
des notes ovales ruisselantes
tempo régulier et attendu
de ses portées de zinc.
Portées ondulées
de toutes les couleurs de nos toits
cannelés pour nos mémoires
comme la petite madeleine de Proust.
« Saperlipopette !
Je regarde toute ébaudie mes orchidées jonchant le sol sous le flamboyant secoué énergiquement par la dépression Dovi.
Quel tintamarre dans les branches ! »
« Après la lecture de La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr :
Quand ce n’est pas seulement l’histoire qui vous emporte, mais que l’arrangement subtil des mots et des idées vous laissent ébaubi d’admiration et éveille en vous des pensées et des émotions nouvelles, vous savez que cette œuvre restera en vous à jamais et que vous reviendrez y puiser des instants de bonheur, d’élévation et de gratitude. »
“Mes anciens me content la simplicité de leur quotidien d’antan.
Moi j’y vois des histoires époustouflantes qui méritent d’être transmises… Tout est une question de point de vue.”